samedi 20 mai 2017

COUP DE CHALEUR SUR PERILLOS !

     INCROYABLE !  TOUTES LES PHOTOS SONT GARANTIES SANS BUGARACH !
              ( mais j'ai peut être mal regardé...)            

                   Je consacre ordinairement le mois de mai à mettre en place le potager mais le désir de visiter Périllos (ou Perellos) m'écarta pour un jour de mes tomates et aubergines . Je sais maîtriser mes impulsions et ne prends pas de décisions hâtives et irréfléchies puisque cette envie date d'une trentaine d'années depuis que, me promenant par une belle journée de printemps, je vis poindre des iris sauvages dans la garrigue à l'intersection d'une petite route montant vers ce village abandonné . Mais au moment où j'allais m'engager sur le chemin, l'arrivée inopinée dans ce lieu désertique d'un escadron d'une douzaine de voitures assez pressées me découragea. J' imaginais alors; allez savoir pourquoi, des rituels sataniques ou un mariage paysan, rien qui pût vraiment m'attirer . De fait, j'étais en mobylette, assez loin de chez moi, l'après-midi était bien avancée et j'hésitais à prolonger ma promenade, ne voulant pas me retrouver à rouler de nuit.


                      Donc , laissons passer trente ans et me voilà bien décidée à finir cette promenade ( le titre de ce blog n'est absolument pas mensonger ...) bien que la metéo ait annoncée une journée estivale . L'inconvénient pour monter à Périllos, c'est qu'on a le choix entre souffrir de la chaleur ou souffrir du vent . Le printemps est déjà bien avancé, je ne suis pas sûre dans trente ans d'être capable de gambader ou même de gambiller, je pris donc la déraisonnable mais bien pesée décision d'aller, par cette première journée de vraie chaleur, affronter les caillasses d'Opoul-Périllos sans attendre des conditions optimales. C'est comme ça, je mets parfois un peu de temps à me décider, mais après plus rien me m'arrête!
                    Il faut dire que ce qui m'avait séduit à l'époque, c'était la sensation de me retrouver du côté de Marseille ou Toulon , dans un environnement plaisamment aride et semi-désertique sans de majestueux et prétentieux arbres centenaires aux frondaisons gigantesques pour venir vous boucher l'horizon.
                 Fortune aidant, j'ai remplacé ma mobylette par une petite Fiat, les vibrations du deux roues ont fait place à un harmonieux ensemble de cliquetis, grincements et couinements mais les routes sont toujours les mêmes, virage après virage, dont on calcule les distances plus par le temps que par l'espace. Je compte une quarantaine de minutes pour aller à Tuchan, ce n'est pas très précis , après, il y a une belle montée vers Vingrau et puis la route se rétrécit vers Opoul ,pour n'être plus qu'un chemin goudronné qui se tortille vers Périllos. Bref, c'est un peu long à mon goût , moi qui n'en ait guère pour les déplacements automobilesques.
                    En arrivant sur Tuchan, je vis de gracieux panaches de produits chimiques épandus sur les vignes et qu'une brise légère dispersait dans l'air matinal. C'était l'ode au printemps, tous les tracteurs des villages exécutant leur ronde toxique dont le passant peut profiter à plein poumon; on peut s'étonner que Monsanto n'ait pas encore songé à faire procès à tous ces profiteurs, riverains de vigne, voyageurs et autres qui profitent sans bourse délier des effluves de la glorieuse union de l'Agriculture et de la Chimie.

                  Mais arrivée à Opoul , les senteurs aromatiques  de la garrigue m' enivrèrent dès la descente de la voiture . Je commençai alors l'ascension vers le château de Salvaterra, sur son îlot rocheux .

ici, le chemin est royal mais ça ne va pas tarder à se gâter, avec des cailloux en tous sens ; ce devait être une voie charretière, par endroits, on voit des rochers entaillés pour le passage des roues, avec une petite pensée pour toutes les fatigues humaines et animales

Le château de Salvaterra, sur son oppidum

Sauf erreur, cette plante en bouton est de la férule, celle là même qui servait à châtier les écoliers. J'aimerais bien m'en assurer mais la regrettable absence d'enfant pour l'essayer me laissera dans l'incertitude. Prométhée l'aurait utilisé pour transporter le feu sacré mais comme je ne sais pas où il est passé ces derniers temps, je suis bien embêtée pour en savoir plus.
Ici, elle est très commune ( j'aurais pu au moins la photographier en fleur !)






          Le château a été construit en 1246; je n'en dirai pas plus parce que j'ai d'autres choses à faire et qu'il est facile de se renseigner par soi-même ... De toute façon, c'est toujours la même histoire : protection de la frontière contre les Français ou contre les Espagnols, suivant l'époque!

face sud sud-est

vue du nord , du plateau






Perdue dans la contemplation ,  un coup de canon me causa une belle frayeur , en fait un tir de mines des carrières de Tautavel ; effet bizarre! Pourtant, je les connais, ces tirs, parfois le vent les porte jusque chez moi .








Contournement du château par l'ouest, sur un chemin confortable et ombragé,  très appréciable car bien qu'il ne soit que 10 heures, la chaleur monte .


Vue d'en haut, cet étrange rocher, mais il n'est pas sur ma route .






vue du nord, j'ai contourné le plateau et je me dirige vers le village de Périllos


Je quitte une piste balisée qui ne me convient pas pour entreprendre l'ascension de la Serrat de la Murtra, la chaleur me coupe les jambes et je me traîne lamentablement,


ce qui ne m'empêche pas d'apprécier ces quelques champs en plein désert, l'utilisation d'un rare terrain plat avec un peu de terre, une oasis .





Vision horrificque

Enfin, l'arrivée à Perillos


Est-ce un enclos à moutons ? Ce lieu m'enthousiasme,



je m'installe là, sous cette merveilleuse ombre, pour manger ; une brise se lève, je suis bien . Toute l'âme de la Méditerranée palpite  sous ces deux arbres et ce muret. Quelques dryades vinrent former une ronde avant de s'enfuir, effrayées par les voix de Socrate et Alcibiade . Intemporalité.



Loin de tous, livré à une série de malheurs, le village se dépeupla au profit d'Opoul, village viticole. Le dernier habitant, un berger ,partit en 1970, laissant le village à ses fantômes .

respect!



escalier sans issue


église du XIIème siècle

cimetière onirique




le château




Le silence est tel que, laissant choir mon bâton, le bruit éclate, énorme et incongru, j'en suis presque gênée .


maison en restauration, vue d'en haut

vue d'en bas

tas de gravats bien ordonné, quel soin!


Le village est entouré d'amandiers (malheureusement les amandons sont trop jeunes...dommage, je les aime tant ! )


En contrebas, chapelle Santa Barbara


Ces rochers derrière la chapelle m'attirent, je trouve un petit chemin de cailloux dans une sorte de gorge derrière mais la chaleur y est si concentrée, bien que nous ne soyons qu'au printemps - l'été doit être terrrrrible ici- que la tête me tourne . Dommage, il y avait une bizarrerie qui me plaisait , si jamais je reviens...


  Je cherche une grotte; je repère cette ouverture dans une paroi que je rejoins en coupant à travers la garrigue. Celle-ci à une entrée étroite dans laquelle je me faufile mais ne mène que dans une salle minuscule et bouchée; zut, je commence à cuire mais je pense, en suivant la barre rocheuse , arriver à la Caune de la Grotte, nom quelque peu redondant qu'on peut traduire par: la grotte ou le trou de la grotte.



Réapparition lointaine de Salvaterra, au moins, je ne suis pas perdue!

                                                                                                                                                               Au moment où je commence à en avoir assez de tracer mon chemin entre rochers et buissons, je tombe enfin sur la grotte










En ressortant, je trouve un chemin, presque une autoroute! Parfois on se complique bien la vie !


Mes réserves d'eau diminuent, je décide de rentrer; je passe près du cortal Lalana, une ancienne bergerie (cortal) restaurée dont on remarque de partout le vilain toit de tuiles mécaniques. Croyant que le bâtiment est inoccupé, je fais ma petite curieuse et regarde à travers les baies vitrées: je vois une exposition d'énormes sculptures, des demi-sphères creuses, noires et d'autres pièces qui s'intègrent assez bien dans cet univers minéral . A  l'extérieur, cette petite arche (pas plus d'un mètre de hauteur) m'étonne par son équilibre .
En contournant le bâtiment, je vois deux voitures: ah!



Je me suis retrouvée sur la route pour redescendre;près du château,  passant devant quelques personnes debout devant leur voiture,  nous nous saluâmes, comme il est d'usage .N'ayant aucune envie de parler, je marchai d'un pas vif quand une femme m'interpella d'une voix aigre et passablement agressive :" Vous n'avez pas peur de vous promener toute seule ?" Ce genre de question a l'art de m'irriter. Bien sûr, j'ai toujours peur, me promenant dans des lieux magnifiques et isolés, de tomber sur une connasse qui me posera des questions stupides, heureusement , c'est rare. Ne voulant pas rentrer dans les détails, je lui répondis, sans ralentir la marche que non, c'étaient les autres qui avaient peur de moi, que j'étais une sale bête. Ses compagnons rirent mais elle ne comprit pas !
Passons...


les étangs et la mer, des arbres qui laissent à penser à la violence du vent

Opoul


où sont les cultures ?
Visite éclair , pas plus de dix minutes, d'Opoul, à compléter.




                                                                       Fin et retour à la maison.