samedi 17 juin 2017

LE QUERCORB. PUIVERT . LE SENTIER DU LABYRINTE DE NEBIAS


          Qu'il est doux, par grande chaleur, de s'installer sur sa terrasse le soir et de regarder la lune se lever sur les rochers. Dans la journée , une maison fraîche et ... mais ceci est trop simple, trop évident et je n'ai rien trouvé de mieux que profiter de journées caniculaires pour aller faire un tour un peu plus long que d'habitude .
       
                 J'ai choisi pour partir une matinée nuageuse, pour me protéger du soleil. J'arrivais  à Quillan qui n'a rien d'une cité radieuse, comme tous ces bourgs de fond de vallée, après avoir traversé le défilé de la Pierre Lys, particulièrement sinistre sous le ciel gris, alors qu'il n'est qu'extrêmement sinistre à l'ordinaire (ou vice versa)

      
          Quillan eut son heure de gloire grâce à l'usine Formica quand Boulle plaisait moins mais, sic transit gloria mundi, cette industrie a pris fin. Ne ricanons pas trop: nous vivons à l'ère Ikea, pas de quoi se réjouir!

   
Quelques minutes suffisent pour s'échapper de ces petites villes
       Ma première impression à l'apparition de Ginoles fut de trouver le village joli , blotti contre sa montagne, suivi d'une aussi immédiate pensée à propos de mon chemin qui passait de l'autre côté de la montagne: je marchais depuis une demi-heure, n'avais pas encore finit ma première bouteille d'eau et ma chemise était encore à peu près sèche. Ca n'allait pas durer.



Ca grimpe!








Ginoles diminue,






                                                       disparaît...







                                                                                                                           
                   Je suis un chemin dans la forêt parsemé de grains de maïs pour les sangliers . Quelques questions me viennent à l'esprit: ne vais-je pas tomber sur un braconnier à l'affut et dans ce cas là, qu'est-ce qui me différencie vraiment d'une cochonne? Le Petit Poucet se serait-il fait sponsorisé par Monsanto ? Plus invraisemblable: se peut-il qu'un chasseur marche à pied, loin de son 4X4, allons, je fabule!
                

         Finalement, je franchis le col, passe Coudons et arrive dans le Nebraska ou presque...


               J'essaie de communiquer avec les voyageurs de cet engin extra-terrestre, mais en vain.


        Ce pré vient rompre la monotonie d'un chemin forestier.

Après qu'une distraction à un carrefour m'ait égaré et contraint à revenir sur mes pas, je progresse et sors du bois

pour déboucher sur le plateau, à l'air libre mais sans ombre protectrice. A cette heure, je suis aussi trempée de sueur qu'un cheval de course, bien que j'aille beaucoup moins vite!


  Les toits du hameau de Lafage où je referai mes provisions d'eau à une accueillante mais trompeuse fontaine : voyageur, si tu passes par Lafage, ne bois pas de son eau, elle est traitée et dégueulasse !



        J'apprécie la douceur du paysage,


il est midi et des cerisiers m'offrent leurs fruits rafraîchissants, tout va bien.
Le village de Nébias , prochaine étape, se profile.



NEBIAS



Anciens moulins sur la colline,


à quelques mètres, restes d'un fortin allemand de la dernière guerre


au fond, le château de Puivert sur sa colline

            

       Sentier du Labyrinthe,









Tout ceci donne une impression de fraîcheur, non? Rien de plus faux ce jour-là!





toujours ces vestiges des âges anciens
         
            Sortie du labyrinthe, je redescends vers Nébias pour refaire mon 3ème plein d'eau ; je n'ai vu que cette fontaine  d'eau  non potable si l'on en croit une inscription. Un peu embêtée, je demande à un ancien qui me dit en boire lui-même et semble se porter comme un charme. Je la goûte, elle est fraîche est excellente, car non traitée ( comme l'eau que je bois chez moi, d'ailleurs). Voyageur assoiffé, va te désaltérer à la fontaine du Griffoul, la meilleure eau entre Quillan et Puivert .



                 IL s'agissait alors de prendre une décision: mon idée de base était de camper près de Nébias, mais il était encore très tôt et les tours et détours du  sentier du labyrinthe m'avaient un peu lassée. Je décidai alors d'aller à Puivert, par la plaine plutôt que par la forêt, préférant l'espace ouvert.
                  Je n'ai pas vraiment  l'habitude des chemins aussi plats et me rendis d'un pas vif  au village suivant, rapidement et sans grand effort, mais assommée par le soleil.

       
             Le but de ce dernier parcours était là: le lac. J'arrivai, plus trempée de sueur que l'eau du lac elle même, déposai  mes affaires et allais nager avec un bonheur infini .
              Cet ancien lac glaciaire, d'une superficie plus que modeste, était bien plus grand autrefois. Mais le 16 juin 1289 (soit 728 ans et 3 jours avant mon passage) à la suite d'intempéries exceptionnelles, le barrage naturel qui le fermait céda. Les conséquences furent catastrophiques: la ville de Mirepoix, située à une trentaine de kilomètres en aval fut dévastée par les flots; elle fut reconstruite sur le site actuel, de l'autre côté de l'Hers .
             Diverses légendes racontent depuis qu'une dame blanche (vieille ou jeune suivant les récits) qui aimait s'assoir sur un banc près du lac ne pouvait le faire lorsque les eaux montaient. Pour lui faire plaisir, alors que le lac avait grossi à causse de la pluie, on ébranla un des rochers retenant les eaux, la catastrophe s'ensuivit.Depuis, elle hanterai les lieux,  soit le château, soit les rives du lac.

le lac vu du camping. Il  fait plus grand sur la photo qu'en réalité.

             Passe la nuit, plus ou moins bien. Je me suis réveillée, la tente dégoulinante de condensation car j'avais fait la bêtise de la fermer par crainte des moustiques. En cherchant la lampe pour aller prendre ma serviette laissée à l'extérieur, j'ai  posé la main sur un truc gluant; un peu surprise, j'allumai et vis alors quantité de limaces se promener à l'intérieur .La pratique du jardinage m'a familiarisée avec ces bestioles mais pas au point de partager ma couche avec elles . En fait, dehors, elles pullulaient aussi .J'en ai enlevé un maximum mais j'étais alors bien réveillée et la chaleur humide m'empêcha de bien dormir.

             Le matin, en rangeant mon sac, je m'émerveillai de la douceur du lac . Les limaces avaient complètement disparues, sauf celle que j'ai ramené chez moi!




    PUIVERT


halle du début XIXéme

              Le château était encore fermé quand je suis passé, je l'avais visité il y a longtemps et j'aurais bien aimé le revoir, une autre fois!
               Le château actuel date du XIVéme siècle; il existe encore des vestiges du vieux château.
C'était avant la croisade un lieu de plaisir, de rencontres de troubadours; une célèbre réunion eut lieu en 1170. Aliénor d'Aquitaine vint au château.
         Le seigneur du lieu étant favorable aux cathares, le château fut assiégé en 1210 et capitula en trois jours.Il appartint alors au vainqueur et à ses descendants.





Retour sur Nébias en passant par les bois.


Je tente un retour par un autre chemin, peu sûre de moi


ouf, de l'ombre, et le sentier que je craignais de ne pas trouver

vers le bout du plateau



Clocher du village de Brenac


jeu: de quelle époque date cette église? ...perdu! du XVIIème!


         Deux commentaires sur Brenac:- eau de la fontaine consommable malgré le panneau , tout à fait honnête mais ne vaut pas celle de Nébias.
                                                         -merci à la dame qui, voyant mon hésitation, arrêta sa voiture pour m'indiquer mon chemin . "Quillan par la montagne?" Gasp, couinais je en mon fors intérieur, montagne? J'avais bien vu qu'il y avait une forte descente pour rejoindre Quillan mais avais omis une montée non négligeable . 
          Je sais à peu près lire une carte mais suis assez distraite et j'ai la fâcheuse tendance à ne pas lire correctement certains éléments qui  pourraient me contrarier, c'est ainsi que j'avance sereine!

la montée après Brenac
        A 20m du col,j'ai fait une pause casse-croûte en maudissant ma mauvaise idée de partir en balade par un temps pareil, mais ma bonne humeur m'est revenu dans la descente pourtant bien plus pénible que la montée à cause des cailloux roulant sous les pieds. J'avais prévu de faire la sieste  dans des prés repérés sur la carte mais il y avait des habitations; j'ai fait une pause à l'ombre le temps d'aider quelques personnes à sortir une voiture tombée dans un fossé . Ensuite, surprise, Quillan est apparu très proche. Arrivée en ville, je suis passée devant la piscine et l'idée d'un bain me sembla excellente; las, elle était réservée aux scolaires et il y a bien longtemps que je ne triche plus sur mon âge. Je me suis consolée en mangeant une glace (pas bonne) puis retour à la maison.

la descente sur Quillan

pour rentrer chez moi, c'est tout droit ( ou presque)