Aumont-Aubrac - Malbouzon
Le 14 juin, je suis partie de la gare de Rivesaltes sous un rare orage matinal . Nous étions quatre voyageurs blottis dans ce qui semblait un abri, sauf pour les deux personnes sur les côtés qui recevaient l'eau latéralement et pour les deux du milieu qui profitaient d'une généreuse fuite du toit.
Pendant le voyage, j'observais l'horizon et les montagnes en me demandant à quelle sauce j'allais être noyée mais en arrivant à Aumont-Aubrac, il n'y avait qu'une pluie légère et intermittente. Je n'avais que 16 km à faire avant de rejoindre un gîte prudemment réservé et commençai donc par un arrêt au bar du coin pour boire un café avant de futures zones vides de tout bistrot. Les villages sont maintenant souvent tragiquement sinistrés, la preuve la plus tangible étant la fermeture des cafés. Chez moi, il n'y a plus d'école, pas de boulangerie, d'épicerie, de boucherie...mais surtout plus de troquet, on est obligés de répondre à l'étranger qui passe qu'il faut aller boire ailleurs; on le dit mais avec la gêne d'un secret honteux.
Une averse s'intensifia le temps que le patron m'explique avec force détails pourquoi la porte principale de son établissement ne fermait pas; j'ai oublié pourquoi mais sur le moment n'importe quelle histoire pouvant m'occuper le temps que la pluie se calme me convenait.
Je finis par me décider à partir avec l'aisance et la désinvolture de quelqu'une qui a une longue pratique d'Aumont_Aubrac, puisque c'est la seconde fois que j'y passe. Loin de moi la sensation d'égarement qui m'avait saisie quand je m'étais retrouvée la première fois sur le quai de (l'absence de) gare, à la même heure ( environ 13h30 ) sous un soleil brûlant.
Le paysage près d'Aumont me fut plus agréable qu'à mon premier passage où j'attendais les aspects sauvages de l'Aubrac; cette fois, l'observant sans aucune attente, j'appréciais sa douceur, malgré le bruit persistant de l'autoroute qui me poursuivit longtemps.
J'arrivais à Malbouzon, village sans charme particulier, assez tristounet sous la pluie (j'imagine l'hiver...) mais accueillant, doté de deux bars-restaurants et d'une épicerie-boulangerie. L'Aubrac me plait de plus en plus...
L'hypercentre de Malbouzon |
Malbouzon-Nasbinals
J'avais prévu cette très courte étape pour faire le détour par les cascades du Déroc et trainailler au sud de Nasbinals vers le lac des Salhiens.Mais l'homme (la femme en l'occurrence) propose et Jupiter Tonans dispose...
Je m'enfonce dans le brouillard d'un pas guilleret, peu de monde fors les vaches.
! |
vous reprendrez-bien une petite tranche? |
Malgré un soleil timide, très timide, je suis suffisamment bien protégée de la pluie pour continuer mon programme et faire le détour par les cascades du Déroc.
Je franchis difficilement la porte en barbelés, je n'ai pas la poigne robuste du bouvier de l'Aubrac et j'ai toujours du mal à refermer les clôtures.Ma bonne humeur s'assombrit comme les nuages de plus en plus noirs. Je ne m'attarde pas aux cascades, je trouve un passage pour les remonter, c'est plus que glissant et je préfère m'éloigner du coin quand l'orage éclatera.
Ascension de la cascade réussie sans m'être étalée dans la boue, je suis assez contente de moi mais je ne sais pas encore qu'il va falloir franchir un marigot avant de retrouver un chemin.
Bien que crottée, je prends le temps d'admirer les prés fleuris, avant de protéger l'appareil photo juste avant qu'un violent orage n'éclate.
La pluie se transforme en grêle, tonnerre, éclairs, j'avise près d'une route un bar, hélas fermé. Je vais pour le dépasser, traverse la route, jette un regard de haine et d'envie vers un camping-car garé sur le bas-côté. Je retourne en arrière me protéger des impacts de grêle en me collant contre le mur du bar.
Dès que la grêle s'arrête, je repars, l'orage s'éloigne mais reste encore superbe. J'emprunte une voie mi-sentier mi-torrent. Je dépasse le lac des Salhiens. J'ai froid, j'ai les pieds dans la boue, l'orage s'attarde mais je suis bien, le lac est superbe. Tant pis pour ma promenade au lac, peut-être un jour reviendrai-je?
J'arrive à Nasbinals vers midi, j'ai réservé une place dans le gîte communal. Il est plein, c'est bien ce que je craignais: je suis la voie de Compostelle et ce n'est pas le désert! Demain, je commence la descente du plateau et je campe.
Nasbinals - Saint-Chély-d'Aubrac
Il fait beau! Etape superbe malgré la foule sur les sentiers (mes photos ne sont pas représentatives de la fréquentation du lieu) Bon, j'exagère un peu mais ce n'est pas les vastes solitudes...
Arrivée sur le village d'Aubrac, vue sur la tour des Anglais. La domerie d'Aubrac protégeait les pèlerins à une époque plus risquée que la notre, où la pire chose pouvant arriver au voyageur est de ramener des punaises de lit chez soi, ce que je ne souhaite à personne.
Descente sur saint-Chély d'Aubrac. La vache highland la plus photographiée du Gr 65. Les Gr sont les sentiers de grande randonnée , le 65 est une des voies de Compostelle, la via podiensis, du Puy-en-Velay à Saint-Jean-pied-de-Port, soit une autoroute à néo-pèlerins, ce qui, malgré la surpopulation, présente quelques avantages: on trouve facilement à boire, à manger et à parler!
Saint-Chély . On peut trouver d'autres photos de Saint-Chély et de l'Aubrac sur ce blog en juillet 2017.
le pont des pèlerins |
Saint-Chély-d'Aubrac - Espalion
Saint-Chély s'éloigne, ou plutôt: je m'éloigne de St Chély |
Passage en forêt où je fais une chute sur le genou droit qui, gonflé et douloureux, me causera quelque soucis pendant toute cette balade.
Saint-Côme-d'Olt
le célèbre clocher tors |
le Lot |
Juste avant Espalion, ce petit bijou roman: l'église de Perse, fin XIéme, début XIIéme, en grès rose
Espalion:
Le temps d'arriver au camping, d'installer la tente, de me doucher, de tailler une bavette avec un couple rencontré en chemin, il est presque 7 heures quand je visite Espalion et tout est déjà fermé; éternel ennui des villes de province...
Espalion-Estaing
dernier regard au château avant de repartir |
Cette église possède une chapelle haute à laquelle on accède par un étroit escalier aux marches très hautes,difficiles à descendre avec un genou en compote, mais la beauté du lieu, mal rendue par les photos, en vaut la peine.
les paysages s'adoucissent |
Estaing
Dans le but de préserver mes genoux, je fais une petite étape. manque de chance, le camping est à 2 km, donc un aller pour déposer mes affaires plus un aller-retour pour visiter la ville me font 6 km de plus; j'ai adopté cette manière de me reposer l'année dernière, en Italie, pour soigner une tendinite, prétextant que la vision de belles choses guérit tout : je peux certifier: ça ne marche pas!
A SUIVRE...
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